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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 31 janvier 2018

les raisons de l'inclusion

Les raisons de l'inclusion

Lorsque l’on débat de l’inclusion, scolaire ou sociale, nombreuses sont les raisons invoquées par les personnes qui y sont favorables, ou qui militent pour cette perspective. Parmi toutes ces raisons, il en est une qui est récurrente, et qui même, pour certains penseurs et acteurs d’une philosophie inclusive, émerge comme raison essentielle et principale : la présence des personnes handicapées dans la société nous enrichit, enrichit la société, de leurs diversités, de leurs différences, etc.

L’argument est fort, les raisons sont légitimes. Mais l’on s’appauvrirait à ne penser la légitimité de l’inclusion au seul avantage de cet intérêt. Car si d’un point de vue éthique, il est juste de s’ouvrir à la diversité humaine d’un point de vue « utilitariste », en ce que la société en général s’enrichit de cette diversité, et que cette diversité est source de créativité, il n’en demeure pas moins que la rencontre avec des personnes handicapées n’est pas toujours aussi simple. Les sociologues du handicap ont bien mis en évidence la difficulté que l’on peut avoir avec le « désordre des apparences » (Alain Blanc) qui caractérise les personnes ayant des déficiences, des troubles ou des maladies. Autrement dit, les personnes handicapées nous enrichissent certes sur le plan de notre éthique de conviction, mais elles nous ennuient aussi, on est gênés dans la relation avec elles, elles nous encombrent parfois, les échanges sont parfois difficiles avec elles, etc.

L’éthique de conviction de l’enrichissement sociétal par les diversités mérite peut-être d’être abondée par un autre aspect d’une éthique de conviction, celle des droits. A propos d’une autre catégorie de personnes qui peine à accéder à l’égalité et à la présence visible, dans le monde politique dans ce cas, Réjane Sénac indique : « Cesser de justifier l’inclusion des femmes en politique au nom de la plus-value de la mixité est essentiel pour ne pas moderniser le sexisme sous des apparences bienveillantes » (Sciences Humaine, avril 2017). Le risque peut être aussi, si l’on file l’analogie, de moderniser l’exclusion des personnes handicapées sous des apparences bienveillantes, en s’appuyant principalement sur cette plus-value de la diversité des personnes.

La référence au droit me semble être d’une autre nature. De la déclaration des droits de l’homme de la révolution française à la convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, ce qui émerge progressivement, c’est la notion des droits de chacun des individus, quelles que soient ses caractéristiques (de couleur de peau, de sexe, de religion, de caractéristiques physiques ou mentales, etc.). Dès lors qu’elle est un humain, qu’elle enrichisse ou pas l’humanité, une personne a des droits, et les mêmes droits que les autres humains.


Il s’agit certes d’un principe éthique, d’une valeur (universelle) qui donne lieu à une multiplicité d’interprétations. Mais il permet de sortir d’un regard encore sous le poids de l’histoire, qui envisage les personnes handicapées dans une différence infériorisante, fussent-elles enrichissantes comme objet d’une charité salvatrice,  comme objet d’une volonté de normalisation ou comme illustration de la diversité humaine. Et la reconnaissance d’un droit absolu à avoir les mêmes droits que tous n’empêche pas de voir les personnes en situation de handicap comme « autrement capables » (Eric Plaisance).

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