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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 10 novembre 2017

s'il n'a pas le niveau en français...

S'il n'a pas le niveau en français...

« S’il n’a pas le niveau en français, ça m’étonnerait qu’il puisse aller en inclusion en cours de maths ou de sciences ! » Voilà un propos tenu (2016) par un enseignant spécialisé en surdité à propos d’un jeune garçon sourd entrant en collège et pour lequel s’était posée la question de savoir quelles modalités de parcours de scolarisation allait lui être proposé à son entrée en 6ième.

Allait-on tenter le pari d’une scolarisation en classe de 6ième, avec un accompagnement quasi permanent (en dehors des cours de français, discipline dans laquelle il se trouvait effectivement en difficulté) d’accessibilité en langue des signes, réalisé par des enseignants spécialisés et des interfaces/interprètes en langue des signes dans la cadre d’une unité d’enseignement externalisée ?

Ou allait-on, parce qu’il avait des difficultés dans la maitrise de la langue française (orale et écrite) l’extraire de la classe de 6ième pour lui faire bénéficier d’un enseignement spécialisé dans toutes les disciplines (sauf en EPS, Education physique et sportive) avec quelques autres jeunes sourds présentant des difficultés analogues ? Il faut toutefois noter, pour ce qui concerne la situation de ce jeune garçon, qu’à l’école élémentaire, il participait aux cours de mathématiques et d’histoire et géographie dans les classes de CM1 et CM2 de son école.

Ce propos est révélateur d’un certain nombre d’idées préconçues qu’on l’on trouve très fréquemment dans les représentations et les pratiques des enseignants spécialisés formés dans le domaine de la surdité.
-                  -  La persistance d’un modèle pédagogique ségrégatif, éloigné des nouvelles conceptions de la place des personnes en situation de handicap et des nouvelles approches conceptuelles du handicap.
-           - L’ignorance de l’évolution du système éducatif et de l’école concernant les objectifs de scolarisation de tous les élèves, y compris les jeunes en situation de handicap, et de l’injonction réglementaire de l’accueil de ces élèves dans les classes (l’observation des résistances de l’école à ce niveau ne peut être un prétexte à rester à l’état antérieur).
-               - La permanence de la légitimité de l’exclusion de certains élèves de l’école en raison de leur niveau scolaire ou de leurs prétendus besoins spécifiques généralisés à l’ensemble des compétences et connaissances dont il faut faire l’apprentissage (cela ne signifie pas qu’il n’y a pas un certain nombre de besoins spécifiques, en particulier dans le domaine de la langue)
-            - La pérennité de l’exclusion des institutions de droit commun de personnes en raison de leur situation de handicap (le faible niveau en français oral et écrit, en raison des conséquences de la surdité) qui légitime qu’un élève ne puisse pas, et ne doive pas, être avec les autres.
-           - Le déni a priori de la capacité de ce garçon à faire les acquisitions de compétences et de connaissances dans le cadre ordinaire (avec accessibilité, voire adaptation dans le cadre d’un co-enseignement)
-           -  L’assignation à l’incapacité sous le prétexte d’une difficulté spécifique, et l’assignation à des dispositifs spécialisés qui finiront par confirmer cette incapacité à apprendre et à vivre ensemble, avec tous.

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