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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 16 décembre 2016

Deux notes d'information de la DEPP

Deux notes d'information de la DEPP sur la scolarisation des élèves en situation de handicap

La DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) du Ministère de l’Education nationale a publié dans de dernier trimestre de 2016 deux notes d’information qui donnent des chiffres tout à fait intéressants sur les évolutions et les caractéristiques de la scolarisation des élèves en situation de handicap :
"Pour la première fois, un regard sur les parcours à l'école primaire des élèves en situation de handicap" accéder à la note
"Depuis la loi de 2005 la scolarisation des enfants en situation de handicap a fortement augmenté." accéder à la note 


y a-t-il plus de différences entre deux sourds...

Y a-t-il plus de différences entre deux sourds qu'entre deux entendants ?

On pourrait le croire, à observer un certain nombre de postures, attitudes, pratiques et organisations professionnelles. L’argument le plus commun pour défendre les petits nombres d’élèves dans les dispositifs de scolarisation spécifiques pour élèves en situation de handicap (ULIS ou unités d’enseignement) fait appel à l’idée des différences individuelles entre les enfants.

mardi 13 décembre 2016

lectures : Eloge de la faiblesse

Eloge de la faiblesse (Cerf, 1999) et Le métier d'homme (Seuil, 2002) d'Alexandre Jollien

Il existe aujourd'hui de nombreuses publications, ouvrages ou articles, sur la gestion, l'organisation et le management des établissements et services qui accueillent ou accompagnent les personnes en situation de handicap. Plus rares sont les publications qui tentent des approches anthropologiques (sociologiques, psychologiques, ...) des situations vécues par les personnes ayant des déficiences ou des troubles, et qui tentent de rendre compte des points de vue et des réalités que vivent ces personnes, et dont ne parlent pas, le plus souvent les ouvrages de la première catégorie. Plus rares encore sont les véritables "témoignages" des personnes vivant différentes situations de handicap.
Parmi ceux-ci, il y a Alexandre JOLLIEN, dont je recommande ici deux des  premiers ouvrages, pas très récents, mais toujours d’actualité.

vendredi 9 décembre 2016

"Six menthes à l'eau, et ...."

"Six menthes à l'eau, et ... "

J’étais tombé, il y a déjà de nombreuses années, sur un article dont le titre m’avait intrigué par son caractère inhabituel dans une revue professionnelle : « La culture des incapables, ou six menthes à l’eau ». Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici « l’historiette » que raconte l’auteur (J-F. Gomez, conférence au Colloque Européen sur l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées mentales, 1998) : « C’était au cours d’un évènement festif, dans un village de Provence très fréquenté, au mois d’août. J’étais donc en vacances oubliant comme tout un chacun mes soucis de l’année, sirotant un demi de bière avec quelques amis, décontracté. Soudain, je vois un groupe de six handicapés mentaux s’installer sur la terrasse avec leurs accompagnateurs. Les personnes handicapées, des adultes de quarante à quarante cinq ans, hommes et femmes, les accompagnateurs un peu plus jeunes. Au début, je ne fais guère attention à cette présence, qui pour moi, est très quotidienne, et somme toute banale. Je remarque pourtant une sorte de bruissement près du bar… Le garçon vient chercher les consommations. Les adultes handicapés qui n’avaient pas un sou sur eux sont gratifiés collectivement de six menthes à l’eau, pendant que les accompagnateurs choisissent leur boisson préférée, y consacrant le temps nécessaire ».

lundi 5 décembre 2016

D'un petit raté à du harcèlement

D'un petit raté à du harcèlement

Appelons-le Monsieur X. Mr X est moniteur éducateur, âgé d’une cinquantaine d’années. Il a exercé, depuis ses 18 ans, dans le même établissement, à l’internat de l’institution. A l’heure des faits qui suivent, il partage son temps entre, d’une part, ses missions auprès des jeunes (à l’internat toujours, ainsi que des fonctions d’accompagnement à l’orientation des jeunes de 14 à 16 ans), et d’autre part des délégations syndicales et de représentation du personnel. Pendant ces années, il n’a jamais fait voir de ses projets que celui, à échéance encore lointaine, de son départ en retraite.

vendredi 25 novembre 2016

"T'en n'a pas marre, toi, des sourds ?"

T'en n'a pas marre, toi, des sourds ?


Cette question m’a été posée plusieurs fois, et ceci depuis au moins une quinzaine d’années, en référence sans doute à ma longue expérience professionnelle dans le champ des établissements et services pour jeunes sourds. Elle fait pendant à une autre remarque, fréquemment entendue elle aussi : « Les sourds ! Pffff ! », assortie d’un geste significatif d’un ras-le-bol. Evidemment ces question et remarque ne viennent pas des professionnels de terrain, chez lesquels on trouve le plus souvent des convictions et déterminations de longue durée.

vendredi 18 novembre 2016

A propos de l'instruction sur le cahier des charges des unités d'enseignement

A propos de l'instruction sur le cahier des charges des unités d'enseignement

Le ministère des affaires sociales et de la santé a publié le 23 juin 2016 une instruction relative au cahier des charges des unités d’enseignement externalisées des établissements et services sociaux et médico-sociaux (n°DGCS/3B/2016/207).

Déjà le titre devrait nous interroger : les unités d’enseignement sont qualifiées d’externalisées. Mais externalisées par rapport à quoi ? A l’école, comme devrait logiquement le faire penser la politique d’école inclusive ? Ou aux établissements médico-sociaux qui les « organisent » aujourd’hui ?

lundi 14 novembre 2016

Adversaire et ennemi

Adversaire et ennemi

La différence et la distinction de ressenti entre les notions d’adversaire et d’ennemi sont parfois appréhendées confusément, tant dans la vie personnelle que professionnelle, et font rarement l’objet d’une pratique réflexive. On gagnerait pourtant, dans le secteur médico-social, à élucider cette distinction fondamentale dans les rapports professionnels, tant ceux-ci sont parfois biaisés faute de cette élucidation, afin de mieux se donner des capacités de penser et d’agir dans de bonnes conditions. Un regard philosophique peut contribuer à cette élucidation, avec une petite incursion en philosophie morale et politique.

mercredi 9 novembre 2016

Un plaidoyer pour la ségrégation

Un plaidoyer pour la ségrégation

Depuis quelques semaines, il y a une certaine effervescence dans les Instituts Nationaux de Jeunes Sourds ou de Jeunes Aveugles (INJS ou INJA). La raison en est que ces établissements, qui ont à l’heure actuelle un statut très particulier, soient soumis aux mêmes règles que les autres établissements médico-sociaux, y compris ceux qui accueillent les jeunes sourds ou jeunes aveugles. Ceux-ci sont sous la gouvernance des ARS (Agences Régionales de Santé), alors que les INJS et INJA, s’ils sont bien financés à environ 60 % sous responsabilité des ARS, sont hors de leur responsabilité, le reste de leur budget (celui de l’enseignement) provenant d’un financement d’Etat (qui n’est pas celui de l’Education nationale). Et il semblerait qu’aujourd’hui, les pouvoirs publics veuillent mettre les INJS et INJA au régime commun.

vendredi 4 novembre 2016

Evènement : autour du livre d'André Meynard

Matinée Librairie
              Autour du livre d'André Meynard
Des mains pour parler, des yeux pour entendre

Samedi 21 janvier 2017
9h30 - 12h00
Institut Protestant de  Théologie,
83 Boulevard Arago, 
75014 Paris
En présence de l'auteur 

 lire la suite : télécharger l'affiche

jeudi 3 novembre 2016

Performant, bienveillant, et inhumain

Performant, bienveillant, et inhumain

Il faut aller voir « Moi, Daniel Blake » le dernier film de Ken Loach (sortie le 26 octobre 2016). Il faut aller le voir parce qu’il présente ce à quoi peut aboutir une société (mais c’est aussi la nôtre) qui vise à la rationalisation, l’optimisation, l’efficience, la performance, etc., de ses services sociaux et publics, tout ceci sous le masque de la promotion de l’individu et de sa responsabilisation. Le cinéaste y décrit comment notre société contemporaine considère, reconnait, les oubliés, ceux qui pour différentes raisons (dans le film, c’est l’impossibilité de travailler pour une raison médicale) sont exclus de la marche en avant de la société (mais qui donne cet ordre de marche ?), les « losers » d’une société qui s’affiche naturellement « winner ».

lundi 31 octobre 2016

lecture conseillée : introduction à la culture sourde

Introduction à la culture sourde
Thomas K. HOLCOMB, érès, 2016, Trad : M. Golaszewski.
Voici la présentation qu’en fait l’éditeur :
Résumé
Cet ouvrage unique en son genre propose un panorama complet de la façon dont les Sourds – dont l’auteur professeur de culture sourde à l’université fait partie – se perçoivent et sont perçus, dans une perspective culturelle.
Présentation
Dans une approche très pédagogique, Thomas Holcomb présente la culture sourde qui est la sienne, d’une manière personnelle et vivante. Il expose les traits caractéristiques d’une culture qui sert de ciment à une population fière de ses valeurs et de son identité. Être Sourd est ici envisagé en termes positifs, loin des stéréotypes et des représentations sociales ou individuelles déficitaires. 
Conçu comme un manuel universitaire, l’ouvrage s’appuie sur des observations et des anecdotes qui rendent la lecture vivante et attrayante pour les Sourds et passionnante pour les entendants amenés à découvrir cette culture avec sa langue, ses règles et ses codes en vigueur dans les interactions sociales, ses traditions, ses normes collectives, la littérature et l’art sourds…

lundi 24 octobre 2016

A propos de la circulaire du 8/8/2016 : article intégral

A propos de la circulaire du 8/8/2016 sur la scolarisation des élèves en situation de handicap (texte complet)

Cet article réunit les quatre propos déjà publiés séparément ici même

Le Ministère de l’Education nationale a publié récemment (B.O. du 25 août 2016) une circulaire sur la scolarisation des élèves en situation de handicap, intitulée : Parcours de formation des élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires (Circulaire n° 2016-117 du 8-8-2016).

Une circulaire de plus ? Certes le nombre de textes réglementaires concernant la scolarisation des élèves en situation de handicap est important depuis une vingtaine d’années, avec des changements significatifs sur le terrain, mais aussi des immobilismes et des résistances fortes. Alors oui, une de plus, mais qu’il importe de « décortiquer » pour voir ce qui est susceptible de changer, pour peu que des textes réglementaires puissent changer des pratiques. Je laisserai à d’autres le soin de développer des herméneutiques de ce texte, je voudrais me contenter de quelques observations pouvant avoir des effets sur les pratiques.

mardi 18 octobre 2016

Circulaire sur la scolarisation (4) des élèves en situation de handicap

A propos (4) de la circulaire sur la scolarisation des élèves en situation de handicap

La quatrième observation concerne les rapports entre le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) et le Projet Individualisé d’Accompagnement (PIA) ou Projet Personnalisé d’Accompagnement (PPA). Longtemps, il a été question de la prééminence de l’un ou de l’autre de ces projets. Dans les différents discours sur le rapport entre ces deux projets, tantôt l’un était dans l’autre, tantôt l’autre était dans l’un. Du côté du secteur médico-social en particulier, les professionnels et les responsables voyaient souvent d’un mauvais œil les interprétations donnant la priorité ou la prééminence au PPS, avec différentes argumentations : l’enfant ne se réduit pas à l’élève, il faut d’abord « soigner » avant de pouvoir apprendre, l’éducation globale prime sur les apprentissages scolaires, etc.

lundi 17 octobre 2016

Circulaire sur la scolarisation (3) des élèves en situation de handicap

A propos (3) de la circulaire sur la scolarisation des élèves en situation de handicap

La troisième observation a trait aux « réponses différenciées pour une école inclusive ». Délibérément, la hiérarchie des réponses se situe du côté de l’Education nationale, avec ses ressources propres. Derrière cette injonction, il y a une règle fondamentale avec une différenciation entre d’une part la notion de situation de handicap (l’école s’adresse à tous les élèves sans aucune distinction), qui requiert des réponses par conséquent de droit commun, et d’autre part la notion de « personne handicapée », et disposant de ce statut selon les règles en vigueur dans les MDPH.

vendredi 14 octobre 2016

Circulaire sur la scolarisation (2) des élèves en situation de handicap

A propos (2) de la circulaire sur la scolarisation des élèves en situation de handicap

Avec quels arguments refusait-on donc cette inscription ?

A été mise en avant l’impossibilité administrative de la « double inscription », sous le prétexte trivial qu’il ne fallait pas les compter deux fois dans les statistiques. Certes ces élèves pouvaient être déjà scolarisés en établissement médico-social, que ce soit aves des personnels enseignants de l’Education nationale ou que ce soit avec des personnels enseignants du Ministère de la Santé. Quelques efforts d’imagination administrative auraient suffi à résoudre le problème. Mais cet argument a permis pendant des années d’éloigner les élèves en situation de handicap d’une véritable place dans les établissements scolaires.

mercredi 12 octobre 2016

Circulaire sur la scolarisation (1) des élèves en situation de handicap

A propos (1) de la circulaire sur la scolarisation des élèves en situation de handicap

Le Ministère de l’Education nationale a publié récemment (B.O. du 25 août 2016) une circulaire sur la scolarisation des élèves en situation de handicap, intitulée : Parcours de formation des élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires (Circulaire n° 2016-117 du 8-8-2016.

Une circulaire de plus ? Certes le nombre de textes réglementaires concernant la scolarisation des élèves en situation de handicap est important depuis une vingtaine d’années, avec des changements significatifs sur le terrain, mais aussi des immobilismes et des résistances fortes. Alors oui, une de plus, mais qu’il importe de « décortiquer » pour voir ce qui est susceptible de changer, pour peu que des textes réglementaires puissent changer des pratiques. Je laisserai à d’autres le soin de développer des herméneutiques de ce texte, je voudrais me contenter de quelques observations pouvant avoir des effets sur les pratiques.

jeudi 6 octobre 2016

Les séparer, pour leur bien

Les séparer, pour leur bien.

De nombreux professionnels de l’éducation et de l’enseignement, ordinaire ou spécialisée, trouvent naturelles et bénéfiques l’orientation et l’affectation d’« élèves handicapés » dans des classes spéciales, dans des instituts spécialisés, qui leur sont dédiés. Par conséquent est considérée comme naturelle et bénéfique l’idée que ces élèves sont « par destination » hors des classes et des établissements destinés à tous les autres élèves. Et bien sûr, cette ségrégation est pensée, légitimée, justifiée, « pour leur bien ». Dans la classe ordinaire, ce ne serait pas pour leur bien, car il est convenu d’avance qu’ils seraient en écart de niveau, qu’ils pourraient ressentir négativement le regard des autres, qu’ils pourraient même être en situation de souffrance, qu’ils apprennent mieux quand ils sont entre eux, en petit nombre, qu’on leur propose des choses adaptées, voire avec des méthodes qui seraient mieux adaptées spécifiquement à ce type de public.

vendredi 30 septembre 2016

Publication : L'enseignement spécialisé doit se "déspécialiser"

L'enseignement spécialisé doit se "déspécialiser"


ASH n° 2974 du 9 septembre 2016, p.32-33

Le droit à la scolarisation des enfants handicapés a fait reculer les frontières de l'enseignement spécialisé. Ce dernier a toutefois encore un rôle important à jouer en mettant son expertise au service des élèves en difficulté que l'école inclusive na sait pas traiter, défend Jean-Yves Le Capitaine, chef de service à l'Institut public la Persagotière à Nantes.

Dans le domaine de la scolarisation des élèves en situation de handicap, l’enseignement spécialisé se situe à l’intersection de la collaboration entre deux systèmes, l’Education nationale et le secteur médico-social, à la frontière de deux mondes qui ont encore du mal à s’apprivoiser et à agir ensemble. Ni fixe, ni pérenne, cette frontière se déplace en fonction des évolutions sociétales, des projets éthiques et politiques, des réglementations…

mardi 27 septembre 2016

Lecture conseillée : chronique d'une assistante sociale...

Chroniques d’une assistante sociale en milieu médico-social, 

Christine MAUREY, L’Harmattan, 2016.


Christine Maurey, assistante de service social dans un établissement médico-social pour enfants ayant une déficience sensorielle et autres troubles a écrit ces chroniques, issues du quotidien de sa vie professionnelle. Des situations d’enfants qui mettent en jeu des politiques d’accompagnement, des choix institutionnels, des pratiques professionnelles, des relations avec les parents, et la complexité des parcours.

Je laisserai les futurs lecteurs découvrir ces situations d’enfants à partir de toute la sensibilité, mais aussi la lucidité et la révolte parfois de l’auteure.

J’ai aussi beaucoup apprécié un autre aspect, celui de son observation critique de certains travers et habitudes professionnels, et je ne résiste pas à citer une anecdote qu’elle raconte à propos d’une réunion entre professionnels, et qui rappellera à beaucoup de professionnels du secteur leur propre expérience :

lundi 26 septembre 2016

"On ne peut pas se spécialiser en tout..."

"On ne peut pas se spécialiser en tout ..."

C’est cette réflexion qui vient souvent ponctuer, en désespoir de cause, les propos des enseignants qui veulent bien inclure, mais qui se sentent impuissants devant le mur qui se dresse devant eux et qui les empêchent de mettre en acte leur bonne volonté : la spécialisation. « Cette année je vais avoir un sourd, il va falloir que je me mette à la langue des signes, l’an prochain ce sera un aveugle et ce sera le braille, et après encore un enfant handicapé moteur et un qui a des troubles de langage. On n’en finit pas. C’est pas sérieux l’inclusion, on ne peut pas être spécialistes en tout ! »

lundi 12 septembre 2016

"Ils ont besoin de manipuler"

"Ils ont besoin de manipuler ..."

L’un des arguments les plus utilisés pour légitimer dans la pratique l’enseignement spécialisé auprès des élèves en situation de handicap, tous handicaps confondus, est cette assertion : « Pour faire des apprentissages, les élèves handicapés ont besoin de procéder avec  des manipulations. » L’implicite de cette assertion est double : d’une part que ces élèves n’ont pas les capacités de procéder directement par « abstraction », comme le feraient les enfants ordinaires, non handicapés ; d’autre part que cette particularité justifie d’une certaine manière leur mise à part, dans l’objectif quand même d’une certaine réussite, avec des experts spécialisés.

vendredi 2 septembre 2016

"La question handicapée a été inventée..."

La question handicapée a été inventée ..."


Il s’agit là d’un paraphrase d’un propos de Vladimir Jankélévitch concernant la question juive : la question juive, avance t-il, a été inventée par les antisémites qui ont fini par le faire croire aux juifs eux-mêmes.

L’antisémitisme se distingue d’après lui d’autres discriminations, rejets et haines de l’autre, en ce que l’objet de la discrimination ne se voit pas, est « presque semblable », contrairement à d’autres formes de discrimination, le racisme ou l’handicapisme par exemple,, qui s’appuient sur ce qui apparait d’emblée dissemblable en ce que la différence est visible. C’est entre autres, pour cette raison,

mercredi 6 juillet 2016

Projet des parents ou projet des professionnels

Projet des parents ou projet des professionnels ?

Posée ainsi, la question apparait comme inopportune, en particulier depuis la loi du 2 janvier 2002, qui indique explicitement que les usagers, les parents, doivent déterminer eux-mêmes leur projet, et que les services sont là pour les accompagner dans leur projet. Et pourtant, quatorze ans après la loi de 2002, on trouve encore très ancrée cette idée qu’il s’agit de faire adhérer les parents au projet (éducatif, pédagogique, thérapeutique) des professionnels ; et que les « bons » parents sont ceux qui adhèrent aux projets des professionnels, qui se situent alors explicitement comme experts sachant, reléguant les parents à une place de « ne sachant pas ».

Dans une réunion, au sujet de Julie, 9 ans, en présence des parents, entre les professionnels de l’école et les professionnels d’un service médico-social,

mardi 28 juin 2016

L'inclusion qu'est ce que cela change ?

L'inclusion, qu'est-ce que cela change ?

Dans les modalités de scolarisation des enfants en situation de handicap, et en particulier celles des enfants sourds, le terme d’inclusion a toujours été sujet à débats, voire à polémiques. Il y a des raisons à cela, et en effet, pour discuter de l’inclusion, de ses bénéfices et des ses inconvénients, de ses facilitateurs et de ses obstacles, il y a lieu de ne pas la confondre avec deux situations avec laquelle elle est souvent confondue.

Il y a inclusion et inclusion

La première chose avec laquelle il ne faut pas confondre l’inclusion, c’est avec le concept d’intégration.

mardi 21 juin 2016

l'inclusion est un sport de combat

L'inclusion est un sport de combat

L’inclusion est un mot d’ordre partagé mais une pratique rencontrant des résistances énormes auxquelles il est nécessaire de se confronter.

Les UPI (Unités Pédagogiques d’Intégration) se sont transformées en ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire), terminologie générique désormais pour l’école et le second degré. Dans le même temps, on a vu apparaitre le terme de temps partagé pour des élèves des établissements médico-sociaux qui étaient en partie scolarisés dans des classes des établissements scolaires. Mais dans les pratiques, beaucoup de choses sont restées identiques et les changements nécessaires constituent en réalité une révolution et un sport de combat !

dimanche 12 juin 2016

Un effet du handicapisme

Un effet du handicapisme

Un certain nombre d’attitudes professionnelles à l’égard des personnes handicapées relèvent de ce qu’on pourrait qualifier par le néologisme « handicapisme ». Sur le modèle du terme « racisme », le handicapisme pourrait se définir comme un système de représentations d’inégalités, et ici de supériorité des valides sur les handicapés. Une caractéristique physique (la couleur de peau là, une particularité organique ou psychique ici) fait attribuer celui qui en est pourvu des caractéristiques humaines différentes et inférieures, basées sur des stéréotypes.

Ainsi en est-il par exemple des raisons qui fondent le refus d’utilisation, pour les jeunes élèves handicapés, des livrets de compétences scolaires qui balisent les parcours scolaires de l’ensemble des élèves.

mercredi 1 juin 2016

Usagers ou citoyens ?

Usagers ou citoyens ?

La manière dont une « administration » regarde ses administrés a des effets sur la vie même de ceux-ci. Les Agences Régionales de Santé regardent les personnes handicapées qui sont sous son administration (dans les établissements médico-sociaux) d’un point de vue global de la santé, et les nomme usagers dans ce secteur. Elles ne les regardent pas d’un point de vue sociétal ; le point de vue sociétal existe bien entendu, mais en tant que politique générale, pas sur les situations des personnes. Ce point de vue de l’administration politique des choses et des personnes est aussi ce qui se dissémine comme état d’esprit dans les établissements.

Les ARS, les gestionnaires de « l’hôpital » et des autres secteurs, minoritaires, qui en relèvent ont pour « clients » des personnes qui sont hors du jeu social

dimanche 29 mai 2016

Evènement : conférence Les Paradoxes de l'inclusion

Intervention à la conférence : Les paradoxes de l'inclusion





Participation à la table ronde de la conférence organisée par l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) et l'INJS (Institut National des Jeunes Sourds) de Paris: Les paradoxes de l'inclusion à l'Institut National des Jeunes Sourds, Paris, le 31 mai 2016.

jeudi 19 mai 2016

Peut-on être contre le dépistage précoce ?

Peut-on être contre le dépistage précoce ?

Dans le discourus dominant, le dépistage précoce est une réponse d’une légitimité convenue et évidente : comment peut-on être contre ce qui « guérit » un problème d’autant mieux qu’il sera pris précocement, contre ce qui va permettre d’anticiper les conséquences de la déficience ou du trouble, et de les corriger d’autant mieux que le problème sera identifié précocement, contre ce qui va permettre, en fonction de cette connaissance précoce, de faire les bon choix (médicaux, technologiques, éducatifs…) ? Et pourtant…

mardi 10 mai 2016

Publication : Territoire et frontières de l'enseignement spécialisé

Territoire et frontières de l'enseignement spécialisé : l'exemple des élèves sourds.

Une nouvelle publication de Jean Yves le Capitaine dans la Nouvelle Revue de l'Adaptation et de la Scolarisation

Résumé

La question de la place et de la nature de l’enseignement spécialisé se pose dans un contexte nouveau, celui d’un modèle s’inspirant des droits des personnes en situation de handicap et ayant pour visée la participation sociale dans un environnement inclusif. Des changements importants ont cours, mettant en tensions l’enseignement spécialisé avec les évolutions de l’enseignement ordinaire dans la prise en charge des besoins particuliers, d’autre part avec une tendance importante à la pathologisation et à la médicalisation des réponses à ces besoins, et enfin avec les dispositifs de compensation et d’accessibilité qui se mettent progressivement en place. Le territoire de l’enseignement spécialisé prend dans ces contextes une autre configuration : s’inscrivant dans le paradigme de l’école inclusive, qui doit en quelque sorte se spécialiser pour répondre à des besoins particuliers, l’enseignement spécialisé se positionne comme ressource et dans des territoires dans lesquels l’enseignement ordinaire n’a pas de réponses.

Mots clés

Accessibilité – Besoins particuliers – Difficultés scolaires – Ecole inclusive – Enseignement spécialisé.

jeudi 28 avril 2016

Une injonction paradoxale de l'inclusion

Une injonction paradoxale de l’inclusion

« Faites de l’inclusion, nous sommes là pour vous dissuader de le faire » : telle pourrait être l’injonction paradoxale de la scolarisation en temps partagé entre un établissement scolaire et des services spécialisés qui sont censés permettre, favoriser ou développer l’inclusion, le « nous » en question étant justement l’instance qui manifeste l’écart existant entre ceux qui sont de droit dans l’école et ceux qui y prétendent.

L’équipe de professionnels d’un dispositif médico-social externalisé, dont l’accompagnement consistait pour une grande part dans la scolarisation (co-enseignement, enseignements spécifiques) déplorait à juste titre que les jeunes sourds de ce dispositif n’étaient pas considérés comme « partie prenante à part entière » dans le collège.

mardi 19 avril 2016

Publication : Les "dys" relèvent-ils d'une éducation spécialisée ?

Une nouvelle publication de Jean Yves Le Capitaine, dans la revue EMPAN : 

Les "DYS" relèvent-ils d'une éducation spécialisée ?


Résumé

La question d’une éducation spécialisée pour les élèves présentant des troubles spécifiques des apprentissages s’est posée dès lors que la catégorie nosographique a été nommée. Différents dispositifs ont été mis progressivement en place depuis les années 2000, dont certains avec des organisations spécialisées. Ce qui justifie ces dispositifs tient d’une part aux écarts entre les caractéristiques, réelles ou supposées, des élèves concernés, et les contraintes de l’environnement scolaire, dans ses aspects sociaux ou cognitifs ; d’autre part à l’approche médico-sociale « défectologique » qui a cours dans l’environnement chargé d’accompagner ces élèves.

Mots clés

Trouble des apprentissages, dysphasie, dyslexie, difficultés, éducation spécialisée.


jeudi 7 avril 2016

"Usagers, vous serez bien soignés !"

« Usagers, vous serez bien soignés ! »

Les établissements médico-sociaux dépendent, depuis la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) de 2009 des Agences Régionales de Santé. Celles-ci font des enquêtes flash afin d’avoir une première évaluation de la mise en œuvre par l’établissement des préconisations qui importent dans les priorités d’action établies. C’est à travers ce genre d’outils qu’on peut voir quelles sont les préoccupations prioritaires de l’administration qui pilote les établissements, priorités qui le deviennent aussi en cascade pour les responsables des établissements et pour les professionnels de terrain. C’est ce qu’on pourrait qualifier d’administration ou de politique technocratique.

Ainsi l’enquête Flash 2015 comporte 5 rubriques :

lundi 4 avril 2016

"Ce n'est pas un CM2, c'est un "primevères"

« Ce n’est pas un CM 2, c’est un « Primevères »

Le principe des classes externalisées ou du temps partagé entre un établissement médico-social et un établissement scolaire est certainement contributif à un cheminement lent vers une inclusion des élèves handicapés dans l’environnement scolaire, mais encore loin du principe d’une école inclusive.

Les élèves ne sont pas nommés selon les catégories de l’école ou du collège, c’est-à-dire les classes de CE2 ou CM2 à l’école élémentaire, les classes de 6ième ou de 3ième au collège. Les élèves sont dans le « dispositif spécialisé » des « Primevères » ou de « Lino Ventura » (si tels sont les noms des établissements médico-sociaux d’où sont issus les élèves en question).

lundi 21 mars 2016

"Sa pauvre petite vie de sourde !"

« Sa pauvre petite vie de sourde ! »

C’était il y a quelques années. Toutefois après la loi du 11 février 2005 qui posait le principe de l’égalité des droits, et finalement de « considération » pour les personnes handicapées. Fanny est une fille sourde d’une dizaine d’années. Ses parents aussi sont sourds. Elle est scolarisée en classe spécialisée externalisée d’un établissement médico-social. La langue des signes est très présente en famille et à l’école dans cette classe.

Mais la plupart des professionnels sont aussi très désireux que Fanny « parle » oralement (« Quand même, pour s’intégrer à la société, il faut savoir parler »). Fanny a donc des séances

lundi 14 mars 2016

L'auto assignation à l'incapacité

L’auto assignation à l’incapacité

Lola est une jeune fille sourde de 16 ans scolarisée dans une classe « spécialisée » pour jeunes sourds, externalisée dans un collège. Elle a la grande majorité de ses cours dans cette classe (programme de SEGPA) et elle participe à des cours d’EPS et d’arts plastiques en classe de 3ième du collège. Elle a d’autres camarades sourds scolarisés, eux, totalement dans une autre classe de 3ième, avec accessibilité en langue des signes.

Alors que ses camarades de la classe spécialisée étaient en stage en entreprise, Lola s’est retrouvée sans stage. Plutôt que de se retrouver

jeudi 10 mars 2016

"Ils n'ont rien à faire dans ma classe"

« Ils n’ont rien à faire dans ma classe »

L’acceptation d’élèves en situation de handicap dans les classes dites « ordinaires » n’est pas toujours facile, et on aurait tendance attribuer cette difficulté aux caractéristiques des élèves en question. Et il est des situations où c’est vrai : un élève extrêmement violent (et sans aide humaine) ou un élève sourd (et sans accessibilité langagière), etc. Mais il est de nombreux exemples où ce ne sont pas les caractéristiques des élèves qui font obstacle, mais les caractéristiques d’enseignants qui refusent ces élèves.

Dans un collège qui accueillait depuis plusieurs années des élèves dysphasiques